Le théâtre de Feydeau

Rédigé par Lépine - - Aucun commentaire

Une pièce de Georges Feydeau, le Dindon

Résumé : Pontagnac que le ciel fit coureur, que le destin fit marié, de ses courses et aventures ne retire rien que le péril d’être trompé par sa femme »… Voilà l’accroche. Si l’on ajoute à ce principe rebattu d’autres couples fragiles, des cocus en veux-tu en voilà, un vieux médecin porté sur la chose et flanqué de sa femme sourde, des policiers zélés, des accents de France et de Navarre, du personnel hôtelier dépassé mais toujours courtois, une cocotte pas farouche dans les bras d’un jeune timide qui ne l’est pas… nous avons là tous les ressorts d’un genre bien connu, d’un archétype imparable et immortel.

Voici un extrait de la célèbre pièce du Dindon, là où Rédillon tente sa chance auprès de Lucienne

Rédillon. - Moi? Ah! bien, c'est ça qui m'est égal! Si vous croyez que je m'occupe de ce monsieur!
Lucienne. - Ah! je croyais...
Rédillon. - Ah!... là, là, si je m'en occupe... (Après un temps.) Qu'est-ce que c'est que cet homme?
Lucienne. - Puisque vous ne vous occupez pas de lui!
Rédillon. - Oh! pardon si je suis indiscret.
Lucienne. - Je vous pardonne.
Rédillon. - Vous êtes bien bonne. (Après un temps.) Il vous fait la cour?
Lucienne. - Oui.
Rédillon. - C'est du propre!
Lucienne. - Vous avez donc un privilège exclusif?
Rédillon. - Oh! moi, ce n'est pas la même chose! Je vous aime, moi!
Lucienne. - Il en dit peut-être autant!
Rédillon. - Allons donc! un monsieur que vous connaissez depuis dix minutes.
Lucienne. - Vingt!
Rédillon. - Oh! dix, vingt, je ne suis pas à une minute près.
Lucienne. - Et puis il m'a été... présenté il y a vingt minutes; mais de vue, je le connais depuis bien plus longtemps! Il y a huit jours qu'il me suit dans la rue.
Rédillon. - Non!
Lucienne. - Si!
Rédillon. - Voyou!
Lucienne, devant la cheminée. - Merci, pour lui!
Rédillon. - Et c'est votre mari qui a trouvé spirituel de vous le présenter! (Lucienne sourit en écartant les bras en manière de confirmation.) C'est charmant! Non, ces maris! On dirait qu'ils le font exprès, de se créer des dangers à eux-mêmes.
Lucienne. - Mais dites donc, Rédillon!...
Rédillon. - Oh! je dis ce que je pense! et alors, quand il leur arrive... ce qui peut leur arriver, ils viennent se plaindre! Mais enfin, quel besoin a-t-il, Vatelin, d'introduire des hommes dans son ménage?... Est-ce que nous en avons besoin, voyons? Est-ce que son tête-à-tête à nous trois ne devrait pas lui suffire? (Voyant Lucienne qui rit.) C'est vrai, ça. Moi je ne peux pas voir un home tourner autour de vous, ça me rend fou furieux: (Un genou sur le pouf.) Je ne peux pourtant pas aller dire ça à votre mari! Lucienne, allant à lui. - Allons, allons, calmez-vous!
Rédillon, pleurant. - Oh! d'ailleurs, je savais bien qu'il m'arriverait malheur aujourd'hui. (Ils descendent en scène.) J'avais rêvé que toutes mes dents tombaient,... que j'en avais déjà perdu quarante-cinq et quand je rêve que mes dents tombent, ça ne manque jamais! La dernière fois on me volait une petite chienne à laquelle je tenais beaucoup. Aujourd'hui on cherche à me voler ma maîtresse.
Lucienne. - Votre maîtresse! Mais je ne suis pas votre maîtresse.

Feydeau joué à la Chapelle du Genêt

le dindon de Georges Feydeau

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